Depuis son essor en 1970, l’écologisme est devenu un concept politique fort. Et à l’heure où l’environnement fait partie de la 2e préoccupation des Français, juste derrière la hausse des prix, il a plus que jamais du poids. Retour sur un mouvement social désormais incontournable dans le paysage politique français.
Brève histoire de l’écologie politique
Le mouvement écologiste français est l’héritier des conjonctures de Mai 68. D’un côté, le florilège de nouveaux concepts nés de ce bouleversement comme le pacifisme, les contestations antinucléaires, le féminisme, etc. De l’autre, les premières médiatisations de catastrophes écologiques à l’époque, comme le rejet de thiodan dans le Rhin, en 1967, ou la marée noire due au naufrage d’un pétrolier en Bretagne, la même année.
Au départ, les premiers écologistes se fédèrent peu à peu, mais sans véritable portée politique. Par contre, les mobilisations commencent à voir le jour. La lutte antinucléaire, la lutte du Larzac, la fondation de la revue Le Sauvage en 1973 suivie par beaucoup d’autres publications.
Un peu brouillon, le mouvement écologique français commence à se structurer dès le début des années 70 et à investir le terrain électoral. Dès cette époque, ces suiveurs comprennent vite l’importance de la politique pour les questions environnementales.
En 1974, la fédération de plusieurs mouvements écologistes avance son premier candidat aux présidentielles en la personne de René Dumont. C’est un premier pas vers une structuration qui prendra finalement forme, dix ans plus tard, vers 1984 avec la création du parti politique Les Verts, lui aussi une coalition de plusieurs cercles écologiques. Ce dernier devient, encore bien plus tard Europe Écologie Les Verts. À l’heure actuelle, une dizaine de partis politiques écologistes occupent également la scène politique française.
S’ils rassemblent peu de voix aux élections présidentielles (moins de 5% en 2022), les partis verts performent aux législatives et aux municipales. En 2012, par exemple, les écologistes gagnent 18 sièges à l’Assemblée nationale, 1 au Sénat et alignent 15 députés européens.
Idéologie et pensées théoriques de l’écologie politique
L’émergence du mouvement écologique, aux débuts des 1970’s, fait écho aux remises en question du mode de vie née des Trente Glorieuses, et notamment de l’essor de la société de consommation et de l’industrialisation massive.
Dans la pratique, on retrouve, bien sûr, les mêmes revendications sous-jacentes : décentralisation politique, défense des minorités, lutte contre les inégalités, nouveau rapport à la nature, rejet du productivisme et pensée de la limite, approche non anthropocentrique mais écocentrique, etc.
Cependant, les idées véhiculées par les différentes castes écologiques françaises ont toujours été assez disparates. Si certains sujets font consensus, d’autres divisent. Même les ambitions politiques varient d’un parti à un autre. On a à la fois droit à une assimilation des enjeux environnementaux comme à un recadrage en profondeur des politiques étatiques. Les valeurs communautaires, associées à la décentralisation et à la faiblesse structurelle des partis, font que les projets menés dans les régions sont loin d’être identiques et manquent d’homogénéités.
Par ailleurs, le mouvement écologique français, par nature, boude le spectre gauche/droite de la scène politique française. Toutefois, c’est un peu un miroir aux alouettes. En France, l’écologie politique a toujours été plus proche de la gauche, de par les idées et les combats communs et on voit bien jusqu’à récemment, avec la formation de la NUPES de Jean-Luc Mélenchon de quel côté elle penche.
Chasse gardée de la gauche à ses débuts, l’écologie commence pourtant à intéresser la droite à partir des années 2010. Les deux factions ont une approche différente. L’extrême droite, par exemple, favorise le localisme. Aujourd’hui, le terrain écologiste est un terrain qu’il est stratégique d’occuper pour un certain nombre de partis, notamment parce qu’il séduit un électorat jeune très convoité des appareils. Il semble aussi qu’un fossé se soit creusé entre une certaine écologie scientifique et le pendant politique de l’écologie. Ainsi, certaines affirmations ou constats, loin de faire consensus chez les scientifiques de l’écologie semblent aujourd’hui, interdit de débat sur les bancs de l’écologie politique qui, d’un certain point de vue, s’est radicalisée ou refermée sur des positions dont elle a fait des chasses gardées.